Niché sur les premières collines des Appalaches, Inverness fait partie du territoire de la MRC de l'Érable dans la région du Centre-du-Québec. Dans un décor bucolique et agroforestier, la municipalité d'Inverness se démarque par ses paysages vallonnés et le sillon de la rivière Bécancour, qui la traverse du sud au nord, prenant sa source dans le lac Joseph pour aller s'engouffrer dans les Chutes Lysander, hautes d'environ 15 mètres. La présence de plusieurs rivières et du lac Joseph sur le territoire rend possible la pratique de la pêche et de diverses activités nautiques de plaisance.
Autrefois territoire des Abénakis, Inverness accueille ses premiers pionniers à partir de 1816. Mais c'est surtout en 1829 que l'histoire s'accélère, avec l'arrivée d'un groupe d'Écossais venus de l'île d'Arran. La plupart sont des familles déracinées, chassées de leurs terres par de puissants seigneurs. Ils apportent avec eux leurs traditions, leur langue, leur foi, et même leur nostalgie des Highlands.
Leur nouveau village prendra le nom d'Inverness, en hommage à la région d'Écosse qu'ils ont quittée. Encore aujourd'hui, dans ses paysages et son patrimoine, le village conserve de précieux témoignages de cette culture écossaise qui a façonné ses racines.
Peu à peu, d'autres communautés viendront enrichir le territoire : Anglais, Irlandais, loyalistes américains et Canadiens français, arrivés vers le milieu du XIXᵉ siècle. Ensemble, ils bâtissent une société tissée de multiples influences, dont nous héritons encore aujourd'hui. Ce n'est qu'en 1975 que le français deviendra la langue majoritaire à Inverness.
En 1845, Inverness est officiellement constitué, puis érigé en municipalité dix ans plus tard, en 1855. Rapidement, il devient le chef-lieu de l'ancien comté de Mégantic.
Au cœur du village, un imposant palais de justice est construit en 1861. D'abord bureau d'enregistrement, puis édifice de comté et hôtel de ville, il change de fonction au fil du temps. Aujourd'hui, ce même bâtiment abrite fièrement le Musée du Bronze, lieu de mémoire et de création unique au Québec.
Avec ses 176 kilomètres carrés de territoire, la municipalité ne compte qu'environ 850 habitants, mais son dynamisme est remarquable. L'agriculture, l'élevage, l'acériculture et la sylviculture en sont les piliers, tandis que les fonderies, les galeries d'art, les artisans, la restauration et l'hébergement insufflent une vitalité culturelle et touristique qui distingue Inverness.
Au début du XXᵉ siècle, Inverness est un village foisonnant d'activités. Ses rues animées accueillent trois hôtels où se croisent voyageurs et commis-voyageurs, cinq forges où résonnent les coups de marteau, une tannerie, deux beurreries (dont l'une sur le site actuel de la Société coopérative agricole), ainsi qu'une meunerie, une boulangerie, une boucherie, un magasin de meubles, une pharmacie, un barbier et même un cordonnier.
Parmi les bâtiments marquants figure le magasin général de John McCammon, ouvert en 1870. Véritable lieu de rencontre, on y trouvait de tout, des denrées de base aux objets du quotidien. Aujourd'hui encore, il remplit sa vocation d'origine, puisqu'il abrite l'épicerie du village.
En 1907, Inverness possède même sa propre banque : la Québec Bank. Après sa fusion avec la Banque Royale du Canada en 1917, le bâtiment garde sa place au cœur de la vie communautaire. Il héberge désormais le bureau municipal et la bibliothèque, perpétuant son rôle central dans la vie publique.
Avec l'arrivée des colons britanniques, entre 1829 et 1832, l'éducation prend une place importante dans la vie du canton d'Inverness. Dès ces premières années, plusieurs écoles protestantes ouvrent leurs portes, et en 1861, on en compte déjà douze. À cette époque, aucune école catholique n'existe encore, si bien que les enfants de cette confession doivent fréquenter les institutions protestantes.
Il faut attendre 1869 pour voir s'élever la première école catholique du village d'Inverness. Cet édifice chargé d'histoire abrite aujourd'hui la Galerie d'art Denis Gagnon, poursuivant sa vocation culturelle sous une nouvelle forme.
Au fil du temps, le paysage scolaire évolue. Vers 1940, les petites écoles de rang protestantes ferment leurs portes. L'Académie d'Inverness devient alors la seule école protestante du canton, avant de fermer à son tour en 1966. L'édifice connaîtra plusieurs vies : loge des Orangistes, puis bibliothèque municipale, avant d'être vendu et transformé en résidence privée.
Les premiers colons d'Inverness sont majoritairement presbytériens et anglicans. Parmi les Irlandais installés au village, certains sont catholiques, mais ce sera surtout l'arrivée des Canadiens français, à partir des années 1850, qui viendra consolider cette communauté.
La vie religieuse s'organise rapidement : les presbytériens sont les premiers à ériger leur lieu de culte en 1838, remplacé en 1862 par l'actuelle église St-Andrew. Les congrégationalistes suivent en 1840, puis viennent les méthodistes en 1862, les baptistes et les catholiques en 1867.
Aujourd'hui, trois églises demeurent ouvertes au culte : l'église catholique Saint-Athanase, l'église presbytérienne St-Andrew et l'église anglicane Church of Ascension. D'autres bâtiments religieux ont trouvé une nouvelle vocation : l'ancienne église méthodiste, fermée en 1960, accueille désormais la Fonderie d'Art d'Inverness, un lieu où la création a pris le relais de la prière.